Découvrir la permaculture pendant le confinement : une belle rencontre !

La “perma” quoi ? La permaculture ! Aussi méconnue du grand public actuellement que l’était le pangolin il y a quelques mois, la permaculture est pourtant un concept qui gagne à entrer dans les foyers. Qu’est-ce que la permaculture ? Pourquoi le confinement est-il l’occasion de découvrir ses principes et ses pratiques ? Focus sur une pratique à la portée de tous, même pendant le confinement !

La permaculture, qu’est-ce que c’est ?

Un concept aux influences multiples

La permaculture possède de nombreuses origines. Si l’on considère souvent les Australiens Bill Mollison et David Holmgren comme les fondateurs de la permaculture, ils se sont néanmoins inspirés de grands principes formulés notamment par le Japonais Masanobu Fukuoka et sa Révolution d’un seul brin de paille.

La base de cette permanent agriculture est la volonté de s’inspirer de la nature, qui devient alors un modèle. La permaculture tient sa force de l’existence d’un socle de principes qui s’appuient tant sur les traditions millénaires de peuples d’agriculteurs du monde entier que sur des connaissances scientifiques récentes très pointues.

Non, la permaculture, ce n’est pas juste du jardinage !

Dans l’esprit du commun des mortels, la permaculture est, au mieux, une méthode obscure de jardinage ou, pour la majorité, un terme totalement inconnu. Si la première définition s’approche de la thématique principale, elle n’en reste pas moins réductrice… et péjorative ! La permaculture est un concept, qui associe des principes et des pratiques. C’est un tout, un ensemble complexe, un système. Elle n’est pas une simple technique agricole ou de jardinage, et ne peut par conséquent pas se résumer à la très en vogue culture sur buttes.

Un système qui érige la nature comme modèle

La permaculture s’appuie sur l’idée selon laquelle l’homme devrait agir avec la nature, plutôt que de s’échiner à lutter contre elle. Partant de ce postulat, l’objectif est de donner naissance à un système de vie durable, dans lequel l’homme et la nature vivent en symbiose. Cette démarche éthique repose sur une méthodologie, que l’on appelle “design”, c’est-à-dire une façon de penser et d’organiser les installations humaines dans le plus pur respect du développement durable.

Il n’existe pas de modèle précis de permaculture, car si l’éthique et les principes sont transposables à tous les projets, les stratégies, les outils et les contextes sont en revanche tout à fait singuliers, et donc propres à chaque permaculteur. Chacun d’entre nous peut mettre en place, à son niveau, avec ce qu’il a, un design de permaculture. Cette dernière est avant tout un art de vivre.

Pourquoi la permaculture pendant le confinement ? 7 bonnes raisons de tenter !

Se mettre à la permaculture pendant le confinement, ce peut être l’occasion de vous faire du bien et de changer votre façon de voir la vie. Pas mal, non ? Voyons plus précisément pourquoi vous y mettre.

1. Pour décompresser

Que vous ayez des enfants à gérer, un conjoint avec qui composer ou votre égo à supporter, vous avez besoin de souffler et de couper ! Rien de tel que de vous plonger dans une activité qui vide la tête. Pendant le confinement, vous avez forcément davantage de temps libre. Il serait alors bon de mettre ces moments à profit, afin de construire un nouveau projet. Réfléchissez à la façon dont vous pourriez vous inspirer des principes de la permaculture pour créer un nouvel espace de vie, pour repenser le design de votre jardin, et lancez-vous !

2. Pour se recentrer sur l’essentiel

En étant confinée, vous avez sûrement eu le temps de réfléchir à votre vie et de vous demander ce qui était essentiel : la planète, la santé, l’être humain dans ce qu’il a de plus noble, manger, dormir, échanger, etc. La permaculture peut vous aider à affiner votre réflexion, car elle repose sur une éthique intéressante : nous sommes les éléments d’un tout. Pour construire un monde durable, trois grandes valeurs doivent guider votre façon de penser le monde : être attentif à la terre, être attentif aux humains et partager, redistribuer.

Ces préceptes n’ont rien de nouveau. Ils ont simplement été oubliés ou négligés par les hommes de nos sociétés modernes, qui ont préféré se centrer sur l’individualisme, la croissance économique, la compétition, la surconsommation, etc. La permaculture invite par conséquent à repenser sa vie : son rapport à soi, aux autres, sa façon de se déplacer, de se nourrir, de se soigner, de produire, de coopérer, de communiquer, de partager, etc. Vaste programme !

 

3. Pour changer de philosophie

La permaculture repose donc sur un socle éthique, qui en fait sa définition, et qui se révèle  fort salutaire en cette période de confinement. Des principes viennent par ailleurs s’ajouter à cette base, afin de guider le permaculteur dans la réalisation de son projet. Ces principes sont autant de pistes d’action qui s’inscrivent dans le cadre éthique. Si ces éléments sont à prendre en compte dans la création d’un jardin en permaculture, ce sont des principes qui aident à voir la vie autrement. David Holgrem en a défini douze :

  • l’observation et l’interaction ;
  • la collecte et le stockage de l’énergie ;
  • la création d’une production ;
  • l’autorégulation et l’acceptation des rétroactions ;
  • l’utilisation et la valorisation des ressources renouvelables ;
  • la réduction des déchets ;
  • l’idée selon laquelle il est bon de partir du général, de l’ensemble, du système, pour aller ensuite vers le particulier, le détail ;
  • l’intégration et non la séparation ;
  • l’utilisation de solutions apportées à petite échelle ;
  • la valorisation de la diversité ;
  • la valorisation des interfaces, des marges ;
  • l’acceptation du changement et l’importance de la créativité, de la proactivité. Les obstacles sont des opportunités pour se dépasser. Chaque problème porte en lui sa solution.

4. Pour être acteur d’un système durable

Le confinement ne doit pas vous installer dans un état de passivité ou se limiter à un quotidien empli de tâche utiles mais dépourvues de profondeur et de continuité. Alors une fois que vous aurez rangé quatorze fois vos placards, fait le tri dans les huit mille photos des dix dernières années, tenté de réparer un robinet, fini toutes les séries de Netflix, joué cent soixante-deux fois au Puissance 4, tenté à nouveau de réparer le robinet, fait trente-six gâteaux et terminé votre série d’abdos du jour, il sera temps de vous engager dans quelque chose de plus constructif ! Se lancer dans un projet de design de permaculture est quelque chose de durable, de stimulant et de positif. Il est agréable et gratifiant d’être acteur, de s’engager, de créer, de mener à bien un projet. Vous commencez quand ?

5. Pour penser à sa santé !

Le confinement vous a sûrement fait prendre conscience de votre humble condition de mortelle. Alors plutôt que de vous soucier de considérations bien moins importantes, écoutez votre corps et votre esprit et demandez-vous ce dont ils ont besoin. Comme toujours en permaculture : observez, agissez, observez, ajustez ! La santé passe essentiellement par l’alimentation. La création d’un projet en permaculture peut par conséquent être l’occasion de vous apporter tous les nutriments essentiels à votre santé. Combinez l’utile à l’agréable !

6. Pour être (un peu) autonome

Nous sommes bien peu de choses. Cela est d’autant plus vrai lorsque nous sommes dépendants d’un système qui peut dysfonctionner à tout moment. Si la permaculture ne vante pas les mérites de l’autonomie et invite au contraire au partage, elle conduit néanmoins le permaculteur vers une plus grande indépendance vis-à-vis de notre système économique et productif. Lorsque vous avez un jardin en permaculture, vous pouvez gagner en autonomie alimentaire et énergétique. C’est le grand luxe dans le contexte actuel !

7. Parce que c’est la bonne saison !

S’il est vrai que de devoir rester enfermée alors que le temps est au beau fixe est assez rageant, c’est néanmoins la période idéale pour travailler au jardin ou sur le balcon. Autant profiter du confinement pour semer et planter, afin de récolter le fruit de vos efforts après le déconfinement !

Comment mettre en place la permaculture chez soi ? Quelques exemples

Soyons concret. La permaculture, c’est quoi dans la vie de tous les jours ? Comment cela se matérialise-t-il ? Peut-être allez-vous découvrir que vous “faisiez” déjà de la permaculture sans le savoir ! Encore une fois, il n’est pas de technique spécifiquement permacole. C’est un art de vivre. C’est du bon sens. Chacun pioche ce qui lui parle et l’adapte à son contexte. La règle première est d’être lucide et de savoir adapter son projet à son contexte et à ses capacités. Sinon, vous allez tout droit dans le mur !

La permaculture en appartement

Vous vivez en appartement ? Vous allez dire que la permaculture n’est pas pour vous. C’est faux ! Bien entendu, vous n’allez pas vous lancer dans un projet gargantuesque, mais vous l’aurez compris, la permaculture ne se résume pas qu’à du jardinage pur et dur. C’est une philosophie de vie. Si vous avez un balcon, vous pouvez néanmoins planter et semer. Exploitez tout l’espace, notamment la verticale. De nombreux fruits et légumes délicieux poussent en lianes et peuvent donc se fixer n’importe où : kiwis, framboises, vigne, haricots, petits pois, etc. Travaillez les étages en abritant sous une plante plus touffue celles qui ont davantage besoin d’ombre.  Associez les plantes qui s’entraident, comme le basilic ou les soucis avec les tomates cerises. Attirez les abeilles avec des plantes mellifères comme la lavande. Elles aideront à polliniser vos plantes.

La permaculture suppose bien entendu de cultiver bio, sans intrants. Pour nourrir vos plantes, vous aurez besoin de compost. Il est tout à fait possible de composter en appartement, grâce à un lombricomposteur, très simple d’utilisation. Il en existe de toutes les tailles. Autres actions que vous pouvez faire, si ce n’est pas déjà le cas : recycler vos déchets, fabriquer vos produits ménagers ou cosmétiques vous-même, manger des produits de saison, consommer local, etc.

Faire de la permaculture dans un petit jardin

Si vous avez la chance d’avoir un jardin, vous avez toutes les cartes en main pour vous lancer dans la permaculture pendant le confinement ! 30 m² de jardin sont suffisants pour faire déjà quelque chose de tout à fait correct. Il faudra encore une fois adapter votre projet à plusieurs données : votre localisation, la nature de votre sol, votre climat, le type de végétation existant, le nombre de personnes à nourrir, le temps que vous désirez y consacrer, votre force physique, etc. La culture en buttes n’est pas adaptée à tous les projets. C’est à vous de choisir ce qui est compatible avec vos outils, votre budget et votre contexte.

Un petit jardin peut tout à fait se prêter à la mise en place d’un petit poulailler. En permaculture, chaque élément doit remplir plusieurs fonctions et une fonction doit être remplie par plusieurs éléments. Les poules donnent des oeufs, mais elles réduisent également vos déchets en consommant l’essentiel vos restes alimentaires. Si vous les lâchez dans le potager, elles s’acquitteront de nombreuses tâches : nourrir la terre de leurs fientes, la gratter, la débarrasser des limaces et larves. Faites plutôt cela en fin de période de récolte.

Pour votre potager, appliquez les principes de la permaculture énoncés plus haut : associez les légumes, fleurs et aromatiques entre eux, observez, analysez, exploitez tout l’espace, nourrissez, servez-vous de la nature comme modèle. Avec la permaculture, l’époque du potager “traditionnel” est révolue… ou plutôt évolue ! Oubliez la culture chronophage et énergivore :

  • ne retournez pas la terre avant de semer. Utilisez simplement une grelinette ;
  • oubliez les rangées de poireaux et de carottes bien alignées, et les parcelles qui brillent de mille feux ! ;
  • invitez au contraire certaines “mauvaises herbes” au potager : certaines sont comestibles, d’autres sont bénéfiques pour vos cultures ;
  • mulchez vos parcelles, afin de garder une terre riche : paillage, déchets végétaux, etc. ;
  • arrosez peu : le mulching garde l’humidité ;
  • associez les plantes entre elles : elles s’entraident et se protègent, etc.

La permaculture pour les grands espaces

Si la permaculture peut s’adapter à un balcon ou à un jardin, elle peut aussi concerner des territoires aussi vastes qu’une région ! Avant que la permaculture à l’échelle régionale ne voie le jour, voyons déjà ce qui peut être fait d’intéressant sur des espaces de plusieurs hectares. Dans un très grand jardin, vous pouvez vous lancer dans une culture sur buttes (si ce choix est adapté à votre contexte), dans la réalisation d’un jardin mandala ou d’un jardin-forêt.

Dans le cas du jardin-forêt, vous aurez tout-de-même besoin d’au moins 500 m² de surface entièrement dédiée. La forêt jardin, jardin-forêt ou forêt comestible est un concept qui s’inspire du modèle naturel, comme toujours en permaculture, afin de l’adapter à un objectif de production essentiellement comestible. Il s’agit de créer un écosystème durable et nourricier.

Votre parcelle sera alors découpée en plusieurs zones d’environ six ou sept mètres de diamètre, dans lesquelles viendront s’implanter sept strates de végétaux :

  • un arbre de grande taille ;
  • un arbre de petite taille ;
  • des arbustes ;
  • des plantes herbacées ;
  • des plantes-racines ;
  • des plantes couvre-sol ;
  • des plantes-lianes.

Il sera bien entendu primordial de bien choisir les plantes en fonction de votre sol, mais également en fonction de leurs propriétés (mellifères, fixatrices d’azote, répulsives), de façon à ce qu’elles s’entraident et se protègent. Vous pourrez donc tout à fait avoir sur une même parcelle un pommier, de la vigne, des caraganiers, des groseilliers, des fraisiers, des poireaux, de l’aneth, de l’échinacée et de la sauge !

Allez, quittez votre jogging et éteignez la télé. Place à une nouvelle ère, grâce à la permaculture !

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