Les effets du sucre sur le microbiote intestinal

Qui n’a jamais été victime de ballonnements ou de digestion difficile après un repas copieux ? Est-ce dû au nombre de mets servis ou à leurs compositions ? Les conséquences d’une alimentation trop abondante ou riche en gras sont connues depuis longtemps, mais le sucre se révèle plus pernicieux encore. Zoom sur le glucose, le fructose, le sirop de maïs et autres dérivés pour tout comprendre sur les effets du sucre sur le microbiote intestinal.

Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?

Le corps médical s’intéresse de plus en plus à notre microbiote intestinal. Dénommée souvent flore intestinale, on y avait jusqu’à présent accordé assez peu d’importance. Notre confort gastrique malmené par les abus alimentaires subit des désagréments qui semblent éphémères et sans conséquence. Pourtant, les ballonnements, constipations, diarrhées cachent des effets plus délétères que ceux de nous gâcher la vie pendant quelques jours.

Le microbiote intestinal regroupe un ensemble de bactéries, à la fois nombreuses, variées et propres à chaque individu. Résident dans l’intestin grêle et le côlon, cette population microbienne investit votre organisme dès la naissance notamment au moment de l’accouchement. L’environnement et l’alimentation complètent sa prolifération. Non pathogènes, ils s’avèrent essentiels au bon fonctionnement de notre corps. En effet, ils contribuent à la maturation de notre système immunitaire et constituent une protection et une défense contre des micro-organismes plus dangereux.

Au quotidien, la flore intestinale déploie beaucoup d’énergie dans la digestion de nos repas. Sensible, elle fluctue selon notre état de santé et notre nourriture.

La façon dont le sucre agit sur notre microbiote intestinal

Les études sur les conséquences d’un excès de sucre

Pour mieux comprendre les effets du sucre sur l’organisme et plus spécifiquement sur le microbiote, attardons-nous sur une étude effectuée en 2017 par des chercheurs américains. Elle révèle qu’une alimentation riche en sucre perturbe la flore de nos intestins bien plus que toute autre substance.

Cette expérience a été menée sur 3 groupes de rats pendant 4 semaines :

  • Le 1er groupe a suivi un régime riche en matières grasses et en sucre.
  • Le 2e groupe a consommé essentiellement du sucre et des aliments gras en petite quantité.
  • Le 3e groupe a bénéficié d’un régime alimentaire normal considéré comme équilibré.

Après un mois, les scientifiques ont observé une prise de poids et une augmentation des graisses hépatiques et corporelles pour les deux premiers groupes. Rien de surprenant, me direz-vous ! Ce qui étonne, ce sont les effets exponentiels du sucre.

Que nous apprend cette expérience ? Les rongeurs des groupes 2 (beaucoup de sucre) et 3 (repas équilibrés) ont ingéré le même nombre de calories. Et pourtant, les rats nourris exclusivement au sucre voient leur taux de graisse corporelle deux fois supérieur à ceux ayant bénéficié d’un régime alimentaire équilibré. Autrement dit, le nombre de calories seul ne suffit pas à déterminer la quantité de graisse fabriquée par le corps. Elle double lorsque les animaux absorbent des produits sucrés.

A lire pour aller plus loin : Le Microbiote, un élément clé dans l’immunité

Le sucré plus néfaste que le gras

La dysbiose (ou dérèglement de la flore intestinale) augmente la masse graisseuse. Or, ce dysfonctionnement s’opère lorsque nous consommons trop de sucres. Cet effet se révèle moins important si nous mangeons des aliments trop gras.

Les bonbons présentent-ils plus de danger que le beurre sur les tartines ? Et comme si la prise de poids ou de masse graisseuse ne suffisait pas, l’altération du microbiote crée des dommages sur le foie et le pancréas. Il perturbe également l’axe cerveau-intestin en inhibant les fonctions du nerf vague. Or, ce dernier envoie au cerveau les signaux sensoriels de la satiété. Nous perdons alors notre capacité à mesurer la faim et consommons donc plus.

Jusqu’à présent, la médecine s’était beaucoup attardée sur les effets néfastes du gras. C’est ainsi que l’industrie alimentaire s’était empressée de développer bon nombre de produits allégés en matières grasses. Elle a comblé le manque de graisse en augmentant la quantité de sucre, moins calorique et plus trompeuse. Il séduit nos papilles et nous incite à manger plus. Ce n’est pas un hasard si cet exhausteur de goût inonde les rayons des supermarchés.

A lire pour aller plus loin : Le sucre, notre ennemi n° 1 ! 1 mois pour se libérer du sucre : Motivation Book !Le sucre, notre ennemi n° 1 ! 1 mois pour se libérer du sucre : Motivation Book !

Le déséquilibre de la flore intestinale, terreau de nombreuses maladies

Lorsque notre flore bactérienne est modifiée, la muqueuse intestinale ne joue plus son rôle. En temps normal, elle sert de barrière pour notre intestin. Sa fonction essentielle pour l’organisme stoppe les molécules nuisibles tout en facilitant le passage d’autres bactéries indispensables.

Les conséquences ? Le développement de nombreuses affections auto-immunes ou inflammatoires. Le déséquilibre du microbiote engendre de l’obésité, mais aussi des pathologies cardio-vasculaires, le diabète de type 2 ou encore le syndrome du côlon irritable et la maladie de Crohn.

Elles ont progressé de façon importante ces dernières années dans les pays occidentaux les plus industrialisés. Est-ce un hasard ? Il y a fort à parier que non. Les sucres apparaissent sous de multiples appellations. Pour les reconnaître, scrutez les étiquettes à la recherche de fructose, glucose, dextrose, maltose, sucrose ou sirop de maïs. Par ailleurs, ne négligez pas sa présence dans les pâtes ou le riz blanc. Les édulcorants (aspartame, sucre d’agave et sorbitol) sont tout aussi incriminés, car ils donneraient des diagnostics de faux diabètes.

Pour compenser les petits plaisirs ponctuels, sachez que les fibres solubles ralentissent l’absorption du sucre. On en trouve dans les légumes frais, les noix, les graines et les légumineuses. Les probiotiques de grande qualité aident aussi à rééquilibrer le microbiote intestinal s’ils sont ingérés au quotidien. Si l’OMS alerte les consommateurs sur les excès de sucre, il n’est pas à bannir pour autant. Elle en préconise un maximum de 25 g par jour, soit 5 % de la ration énergétique.

Les scientifiques s’intéressent de plus en plus aux effets du sucre sur le microbiote intestinal. D’autres études ont depuis pointé ses conséquences néfastes sur le cerveau. Ce sont les sucres ajoutés et artificiels qui sont incriminés. Il ne faut donc pas supprimer totalement le sucre. Celui des légumes et des fruits contient des éléments nutritifs primordiaux pour une bonne santé.

Source : TanusreeSen et al.
« Diet-driven microbiota dysbiosis is associated with vagal remodeling and obesity »,
Physiology & Behavior, 173, mai 2017, p. 305-317.

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