Salle de bain zéro déchet : mode d’emploi

Il y a encore quelques années, j’étais ce qu’on appelle une “acheteuse compulsive”. Je voulais tous, tout de suite ! Éternelle insatisfaite. Quand je pense aux centaines (peut-être milliers ?) d’euros que j’ai pu dépenser dans les Zara, H&M, Sephora, The Body Shop… j’en ai presque les larmes aux yeux. Non, vraiment, ça me donne envie de chialer (et de me taper). Et le pire dans tout ça, c’est qu’il ne me reste absolument plus rien de ce que j’ai pu acheter (bêtement) à cette époque. Ni sur mon compte épargne d’ailleurs. Ah, société de consommation quand tu nous tiens…

Si tu te demandes pourquoi je te raconte ma vie, c’est parce que 1. j’aime bien ça et 2. aujourd’hui, j’ai radicalement changé de style de vie. Aujourd’hui, j’ai appris à consommer intelligemment tout en réduisant au maximum mon empreinte écologique. Et comme je suis super sympas, j’ai décidé que j’allais te raconter comment atteindre le super méga objectif du zéro déchet sans trop se fouler dans la salle de bain. Y a pas de quoi.

Le zéro déchet, pour quoi faire ?

Il faut bien que je l’admette, je n’ai pas toujours été sensible à l’écologie. J’avais plutôt dans l’idée que c’était un truc de bobo très chiant. Je faisais bien le tri sélectif chez moi, mais sans grande conviction.

Quand j’ai commencé à entendre parler du zéro déchet, je n’en avais pas franchement un avis plus positif. Et un jour, au cours d’une de mes formations, j’ai commencé à m’intéresser fortement aux compositions de mes produits ménagers. Je me suis rabattu sur des alternatives plus saines et surtout (on ne va pas se mentir) beaucoup moins chère.

Puis, par curiosité, j’ai voulu apprendre à décrypter les étiquettes de mes produits cosmétiques préférés (voir QuelCosmetic). De fil en aiguille, mon esprit étriqué de consommatrice formaté a retrouvé sa lucidité.

Et finalement, comme un système d’engrenages qui se remet en route, j’ai enfin compris toute l’importance du développement durable. De l’écologie, d’une consommation responsable et in fine du zéro déchet.

À l’heure où je t’écris, depuis le 1er janvier 2019, nous, Français, avons produit plus de 20,332 millions de kilos de déchets ménagers. En moyenne, un Français produit 513 kg de déchets par an, soit 1 tonne de déchets par seconde. La triste vérité, c’est que parmi ces 30 millions de tonnes de déchets produits chaque année en France, seulement 37 % sont effectivement recyclés.

Pendant ce temps-là, 12 yaourts/seconde encore consommables sont mis à la poubelle ; environ 2 900/s emballages ménagers sont jetés ; 1,16 kg/s de déchets sont ramassés sur les plages de Bali ; 19 kg de plastique/s sont rejetés dans la mer Méditerranée. Et la liste est encore longue. C’est à ce moment-là que le zéro déchet prend vraiment tout son sens, n’est-ce pas ?

Qui plus est, vider la poubelle n’est pas une corvée une que j’apprécie particulièrement. La feignasse que je suis en a clairement ras le bol de devoir changer de sac tous les 4 matins.

Zéro Déchet : par où commencer ?

Chez moi, le zéro déchet a vraiment démarré dans ma salle de bain. Un peu par hasard d’ailleurs. Au départ, j’ai souhaité bannir tous les produits issus de la pétrochimie de mes placards. Bon, conclusion, je me suis débarrassé de tous les produits cosmétiques que j’avais.

Puis, l’idée d’un style de vie zéro déchet m’est venue un peu comme une évidence. Premièrement, par souci d’économie. Deuxièmement, pour les convictions écologiques qui prenaient de plus en plus d’ampleur dans ma vie. (Troisièmement : d’un point de vue purement esthétique et superficiel, ma salle de bain est beaucoup plus jolie !)

Quand on se lance dans ce genre de démarche, la tâche peut paraître fastidieuse. On ne sait pas comment s’y prendre, par où commencer, quelles alternatives adopter… J’ai pris le parti de m’occuper d’une pièce à la fois ! Et selon moi, la salle de bain, c’est l’endroit le plus facile pour passer au zéro déchet en toute simplicité.

La première étape, c’est d’abord de faire un grand tri. Mais attention, il ne s’agit pas de tout prendre pour le balancer à la poubelle. Ce serait clairement contre-productif.

En ce qui concerne tous les produits jetables que tu possèdes (coton, coton-tige, brosse à dents, serviettes hygiéniques, tampons, etc.), utilise-les ! Quoi qu’il arrive, ils finiront à la poubelle, alors autant s’en servir.

Ensuite, on s’attaque aux produits cosmétiques. Parmi tous ces contenants en plastique que tu possèdes, à toi de déterminer lesquels sont :

  • périmés
  • neufs
  • entamés
  • recyclables

Cela va de soi, pour les produits entamés, non périmés, termine-les. S’ils ne te conviennent plus ou qu’ils sont périmés, deux options : soit le contenant est recyclable, dans ce cas, vide-le pour le nettoyer. Dans le cas contraire, jette-le. Pour les produits neufs, c’est à toi de voir. Ou bien tu les donnes à ton entourage ou bien tu les utilises.

Une fois cette opération terminée, tu auras déjà une bonne base pour prendre un nouveau départ. Il est désormais temps de s’équiper intelligemment !

Le kit de la salle de bain zéro déchet

On pense souvent – à tort – que pour avoir un style de vie plus écologique, plus sain, plus bio, il faut être riche. J’ai précisément commencé à adopter un style de vie plus green parce que je n’avais pas une thune !

Certes, même si cela demande un petit investissement au départ, les économies sur le long temps se font vite ressentir. D’autant plus que zéro déchet, rime souvent avec minimalisme. Qu’on soit adepte de ce mode de vie ou non, ces deux concepts se retrouvent en de nombreux points. En effet, plutôt que d’accumuler les produits, les bouteilles, les bibelots, on opte plutôt pour des basiques aux multiples fonctions. On y voit un peu plus clair et ça fait du bien !

Côté évier

Pour tenter de te donner une explication claire et ordonnée, on va y aller par étapes. Bon, je ne vais pas t’expliquer ce qu’on fait dans un évier, alors passons directement aux choses sérieuses.

  • brosse à dents : tout en plastique, notre bien-aimée brosse à dents a de grandes chances de terminer sa vie sous un ananas au fond de la mer. Jusqu’à présent j’utilisais une brosse à dents électrique avec tête interchangeable. Je ne trouve pas cette alternative franchement intéressante. Premièrement, parce que ça reste du plastique, qui plus est nécessitant de l’électricité et que, quoi qu’il en soit, elle finira à la poubelle. L’idéal, c’est la brosse en bambou avec poil de nylon entièrement biodégradable. Vérifie bien que les poils en nylon sont bien biodégradables et pas seulement recyclables. Auquel cas, tu seras obligé de les retirer avant de balancer le reste au compost. Qu’on se le dise, ce n’est pas hyper pratique.
  • dentifrice : sur le net, tu trouveras pléthore de recette-maison avec seulement quelques ingrédients. En ce qui me concerne, je n’en ai pas réalisé pour le moment. Même si cela ne saurait tarder. Si tu n’as pas envie de t’embêter, tu peux directement acheter des dentifrices solides conservés dans des pots réutilisables.
  • coton démaquillant : pour ma part, j’ai adopté les disques démaquillant en coton bio. Un peu cher à l’achat, certes, mais très vite rentabilisé. Tu peux également t’amuser à les fabriquer toi-même. C’est un projet dans lequel je vais me lancer prochainement, cette fois-ci avec du tissu-éponge en bambou ! Mais tu peux tout aussi bien te rabattre sur le classique gant de toilette. Et pour nettoyer ton visage en profondeur, rien de mieux qu’une petite éponge de konjac, entièrement biodégradable. Tu peux d’ailleurs l’utiliser pour tout le corps.
  • coton-tige : personnellement, c’est le petit dernier de ma salle de bain. Je n’avais pas encore pris le temps de l’acheter : l’oriculi. Ou cure-oreille, si tu préfères. On n’a pas idée du nombre de cotons-tiges qui sont balancés par an en France : 1 million de tonnes. Et tout ça pour (mal) nettoyer nos petites oreilles en plus. Loin de moi l’idée de te raconter ma vie une nouvelle fois mais plus jeune, j’étais sujette à de violentes douleurs aux oreilles. Et l’une des premières choses qui m’a été proposée par mon ORL, c’est d’utiliser un cure-oreille. En effet, le coton-tige ne fait que repousser le cérumen au fond du conduit auditif. Au point parfois, de créer de gros bouchons qui peuvent s’avérer très douloureux et surtout dangereux. L’oriculi, lui, permet de vraiment le retirer.
  • serviettes hygiéniques / tampons : si tu as lu mon article sur le flux instinctif libre (si ce n’est pas le cas, qu’est-ce que tu attends ? ) tu sais d’ores et déjà ce que je pense des protections hygiéniques féminines standard. Aujourd’hui un tas de possibilités s’offrent à nous : cup menstruelle, serviette lavable, culotte de règle, flux instinctif… À toi de déterminer ce qui te correspond le mieux ! Mais s’il te plaît, ne laisse plus les protections hygiéniques du commerce t’abimer le corps ainsi que la planète
  • savon à main : un savon d’Alep (mon dieu, que j’aime son odeur) ou de Marseille (attention, un vrai ! pas d’huile de palme) posé sur un petit porte-savon en luffa 100 % biodégradable, c’est le must. (

Côté placard

Personnellement, mes placards sont désormais quasiment vides. Je me contente de produits bruts, basiques aux compositions extrêmement simples. À bas les listes INCI interminables ! Et en toute honnêtement, ma peau (ainsi que mon porte-monnaie) ne s’est jamais aussi bien portée.

  • démaquillant / nettoyant : maquillage ou pas maquillage, j’utilise toujours la même routine pour nettoyer mon visage : une éponge konjac et une huile végétale. Coco, argan, abricot, avocat… Chacune a des propriétés intéressantes ! L’essentiel, c’est que ce soit une huile végétale grasse, obtenue d’une première pression à froid. Idéalement dans un contenant opaque pour une meilleure conservation.
  • lotion visage : j’ai écrit un article complet au sujet des hydrolats. C’est une excellente lotion tonique pour le visage. Qui plus est, cela permet de se débarrasser du calcaire présent sur la peau.
  • crème hydratante : pour ma part, je suis à fond gel d’Aloe Vera ! Souffrant notamment d’eczéma, il me sert également pour hydrater le reste de mon corps. La réputation de ce gel n’est plus à faire. On pourrait d’ailleurs consacrer un article entier à tous ses bienfaits. Mais tu peux également fabriquer ta propre crème hydratante maison. Saches aussi que les huiles végétales ont d’excellentes propriétés hydratantes. Contrairement aux idées reçues, les huiles ne rendent pas la peau plus grasse. Bien évidemment, il faut qu’elles soient adaptées à ton type de peau (mixte, grasse, sèche, acnéique) mais elles sont tout autant efficaces. Pour ma part, j’alterne mon gel d’Aloe avec quelques gouttes d’un mélange d’huile de Jojoba et d’Argousier. (L’Argousier est une huile végétale réparatrice et anti-âge particulièrement riche en caroténoïdes, ce qui permet en outre de protéger du soleil mais surtout de donner bonne mine !)
  • déodorant : c’est probablement le produit cosmétique qui m’a posé le plus de problèmes. Je me suis fait avoir une première fois en achetant pour 15 € (outch!) un déodorant soi-disant révolutionnaire qui s’est avéré n’être qu’une pâle copie (au niveau composition) d’un déo classique du commerce. Méfie-toi de ce greenwashing intempestif utilisé par certaines marques, même toutes jeunes… Je suis sûr qu’il existe de très bons déodorants naturels et zéro déchet sur le net, mais pour ma part, j’ai pris le parti de le faire moi-même. Je ne t’en dis pas plus pour le moment, je t’en reparlerais en temps voulu…

Le mieux évidemment, c’est que tous ces produits soient conservés dans des contenants en verre qui pourront être réutilisés.

Côté douche

Si tu adores sentir le monoï à 3 kilomètres, tu seras peut-être un peu perturbé par tant de changements. Mais crois-moi, je n’ai jamais autant apprécié prendre des douches avec cette nouvelle routine !

  • gel douche / shampoing : le must du zéro déchet, ce sont les savons/shampoing solides. Désormais, on en trouve absolument partout. On peut même les fabriquer soi-même. Le premier grand avantage, il faut le dire, c’est son rapport qualité/prix. Pour ma part, un savon saponifié à froid de taille moyenne peut me durer jusqu’à 6 mois. Tout ça pour la modique somme de 2 ou 3 €. Idem pour le shampoing. Mais je te vois venir : “oui, le savon ce n’est pas pratique, ça ne mousse pas aussi bien qu’un gel-douche, on ne peut jamais vraiment le finir.” Et je suis carrément d’accord avec toi. Enfin, je l’étais ! J’ai investi dernièrement dans un gant en sisal, qui est une fibre entièrement biodégradable issue de la plante d’agave. Il remplace le porte-savon, la fleur de douche mais aussi le gant de gommage. Il suffit d’y glisser son petit savon et d’apprécier ses petits massages à chaque douche… Qui plus est, il permet au savon de sécher rapidement ce qui évite qu’il devienne tout ramollo. Si tu restes une inconditionnelle du savon liquide, tu peux tout à fait te rendre dans une épicerie bio et acheter ton gel-douche / shampooing en vrac. (lire aussi comment choisir et utiliser un shampoing solide)

En adoptant tous ces petits gestes, tu peux réduire jusqu’à  97 % des déchets de ta salle de bain. En toute honnêteté, j’ai toujours une petite poubelle dans la mienne… Elle nous sert uniquement à jeter nos rouleaux de papiers toilettes. Je sais que certains utilisent également les lingettes lavables pour le petit coin, mais personnellement, je ne suis pas encore très à l’aise avec cette solution. Mais en toute objectivité, ces nouvelles habitudes me permettent de garder le même sac-poubelle des mois et des mois. Alors j’estime que je remplis amplement mon objectif ! (Surtout, si mes toilettes n’étaient pas dans ma salle de bain, alors cette poubelle n’aurait plus lieu d’être, hihi)

Alors prête à te lancer dans cette nouvelle aventure ? N’hésite pas non plus à partager tes essentiels avec nous !

One thought on “Salle de bain zéro déchet : mode d’emploi

  • 11 septembre 2019 à 8 h 46 min
    Permalink

    Merci Samantha pour cet article bien écrit et passionnant avec de précieux conseils.
    Je partage totalement tes intérêts pour le zéro déchet.
    J’attends ton prochain article avec impatience….

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