Savoir faire la différence entre Toussaint et fête des Morts

Vous avez hâte d’arriver aux vacances de la Toussaint pour profiter de quelques jours de repos ? C’est un long week-end qui s’annonce grâce au 1er novembre. Peut-être que, comme beaucoup de Français, vous irez vous recueillir en famille sur la tombe d’un parent, un bouquet de chrysanthèmes à la main. Mais faites-vous la différence entre la Toussaint et la fête des Morts ? Je me suis penchée sur le sujet pour vous aider à y voir plus clair.

Deux fêtes catholiques souvent confondues

Pour faire la différence entre Toussaint et fête des Morts, retenez que ce sont deux cérémonies chrétiennes complémentaires. La Toussaint, célébrée le 1er novembre, correspond à la fête de tous les saints. La fête des Morts a lieu le lendemain, le 2 novembre. C’est un jour de prière en souvenir des défunts.

Bon, j’avoue… Quand on me parle de la Toussaint, je songe d’abord aux vacances scolaires et j’espère obtenir quelques jours supplémentaires avec le pont du 1er novembre. Pourtant, je pense à ma grand-mère et à ce moment important pour elle. Aller en famille sur la tombe de papy, c’est certes un peu triste, mais c’est aussi un moyen de nous réunir et de nous souvenir de lui.

La Toussaint célèbre au sens littéral « tous les saints ». C’est vrai que le mot semble assez explicite finalement ! L’hommage concerne les personnes canonisées par l’église, mais également tous les croyants baptisés, désormais disparus. Bref, considérez ici les saints comme toute personne décédée après avoir vécu dans la foi et méritant donc le paradis.

La Toussaint, une journée de célébration

Depuis quand commémore-t-on les saints ?

Pour la plupart d’entre nous, la Toussaint offre une occasion de se réunir en famille. On accompagne les plus âgés au cimetière pour les épauler dans ces moments où le souvenir devient trop douloureux. Pourtant, selon l’Église catholique, cette journée représente la joie. C’est une tradition religieuse de longue date puisque son origine remonte au IVe siècle. L’Église orientale célébrait déjà les martyrs et mettait en lumière les croyants tués au nom de leur foi. Les saints y sont associés dès le siècle suivant, à Rome. L’évènement a lieu alors peu de temps après la Pentecôte, puis au 13 mai.

C’est au VIIIe siècle que Grégoire III choisira le 1er novembre. Il entérine la date par l’inauguration d’une chapelle de la basilique Saint-Pierre de Rome, qu’il dédicace à tous les saints. En 835, Grégoire IV étend ce rituel à toute la chrétienté et Louis le Pieux, fils de Charlemagne officialise cette journée dans le royaume des Francs. Le pape Pie XI finira par le rendre obligatoire au XXe siècle.

Est-ce un culte célébré par toute l’église chrétienne ?

Et non. L’institution catholique veut mettre en avant ses fidèles et glorifier les hommes et les femmes qui ont agi selon leurs préceptes en les érigeant comme saints. En revanche, la majorité des protestants réfute le culte des saints puisqu’ils ne reconnaissent pas l’autorité du pape et ne prient pas les saints.

La tradition (elle n’émane pas directement des textes bibliques) s’étiole. Aujourd’hui, les jeunes générations s’amusent à fêter Halloween le soir du 31 octobre et voient beaucoup moins d’intérêt à cette réunion familiale imposée et dont ils ne comprennent pas véritablement le sens.

La fête des Morts, entre tristesse et joie

Gerbes de fleurs et entretien des tombes en France

Nettoyer les sépultures est une habitude qui se réalise de moins en moins en famille. Si bon nombre de Français se désignent catholiques, les fervents pratiquants diminuent chaque année. Chez nous, cette sortie est plutôt vécue comme une contrainte calendaire. Et la météo souvent pluvieuse en cette période de l’année accentue cet effet.

Pour des raisons de disponibilité, les familles se rendent au cimetière le 1er novembre alors que le jour des Morts est le lendemain. En occident, Odilon, abbé de Cluny, l’établit en 998, mais il ne s’appuie sur aucun écrit biblique. S’il choisit le 2 novembre, si proche de la fête des saints, c’est pour rappeler que ces morts peuvent aussi devenir les élus du Dieu. Pour l’instant au purgatoire, ils pourront peut-être bientôt accéder au paradis. Un siècle plus tard, le pape Léon XI confirme la date et étend le principe à toute la chrétienté.

Festivités et allégresse au Mexique

Une tradition ancestrale

Dans notre culture occidentale, nous chérissons et honorons nos morts dans l’austérité, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays du monde. Partons donc pour le Mexique et mettons un peu de gaieté dans ce sujet !

La fête hispanique trouve ses origines dans les coutumes aztèques et le rituel des offrandes s’y perpétue de génération en génération. D’abord célébrée au mois d’août, la date fut modifiée à l’arrivée des colons espagnols au XVe siècle. Ces derniers, fervents catholiques, imposèrent le moment de la Toussaint.

El Dia de los Muertos figure depuis 2008 dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. C’est dire combien est reconnu le poids de cette tradition ! Au Mexique, la fête dure plusieurs jours, de fin octobre à début novembre. Les préparatifs ne se contentent pas de mettre les défunts en exergue, ils les placent au cœur des festivités. C’est un peu comme s’ils revenaient à la vie pendant quelques heures en tant qu’invités d’honneur. Pour mieux guider les âmes, des pétales de fleurs parsèment les rues, des maisons jusqu’aux cimetières.

Un cérémonial très codifié

Imaginez les autels qui se dressent dans les maisons. Sur des tables ou à même le sol, les photos des disparus prennent la pose sur des nappes ou papiers colorés. Tout autour s’amoncellent nombre de victuailles et d’offrandes. S’y trouvent aussi d’anciens objets du défunt et des symboles religieux comme l’encensoir et l’eau bénite.

Ces célébrations sont bien éloignées de nos usages occidentaux. Dans les cimetières, des pique-niques sont organisés à la lumière des bougies. Des cris d’allégresse, de la musique, des chants, de la danse rythment les journées des Mexicains. Habillés pour l’occasion de tenues très colorées et grimés souvent à l’effigie de têtes de mort, ils déambulent ainsi dans les rues.

Ces cérémonials, s’ils sont plus joyeux, ne sont pas considérés pour autant avec légèreté. Dans l’imaginaire collectif hispanique, le défunt peut apporter la prospérité tout comme la souffrance. On comprend pourquoi on le traite avec autant de déférence !

Halloween, la version anglo-saxonne

Terminons notre tour d’horizon par Halloween. Célébrée le 31 octobre, c’est une fête d’origine celte qui marque la fin de l’année et le changement de saison. Le passage d’une période chaude et lumineuse vers une autre plus froide et sombre ouvre temporairement la frontière entre le monde des morts et celui des vivants. Les victuailles ont alors pour objectif de canaliser les esprits les plus vils. Cette célébration païenne qui se traduit par « la veille de tous les saints » ne plaisait pas vraiment au pape Grégoire IV. Il aurait d’ailleurs choisi de déplacer la Toussaint au 1er novembre pour contrer ces rites d’outre-Atlantique !

Vous saurez désormais quelle est la réelle différence entre la Toussaint et la fête des Morts ! Et moi, lorsque je déposerai mes roses sur la tombe de papy en ce 1er novembre, je me dirai que mon saint a bien le droit à sa fête… Et tant pis si je peine parfois à trouver en cette saison ses fleurs préférées parce que lui, il n’aimait pas les chrysanthèmes !

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